Enquête autour d’un retable

L’église paroissiale de Villeneuve possède deux retables classés monuments historiques en juin 1933.  Le grand retable date du XVIIIe siècle et porte au centre la toile de Pierre Parrocel représentant la mort de Saint Louis  et son couronnement au ciel ; cette œuvre somptueuse fait l’unanimité des historiens. Il n’en est pas de même du retable de Notre Dame des Sept Douleurs que tous admirent  mais dont l’origine, l’emplacement primitif,  la date  du tableau central et son auteur  interrogent depuis longtemps  les chercheurs villeneuvois.

Le retable de Notre Dame des Sept Douleurs

Ce retable est un chef-d’œuvre de l’art baroque avec sa corniche exubérante portée par deux colonnes torses à la Bernin, décorées d’entrelacements de sarments de vigne garnis de raisins très ouvragés à plein relief, le tout en bois doré et orné d’angelots. Au sommet de la corniche deux anges debout tiennent un médaillon portant un cœur percé d’un poignard. Sous le médaillon qui l’écrase, une tête grimaçante symboliserait, selon l’Abbé Guigon, l’hérésie vaincue par les prédications des capucins : “L’artiste a voulu sans doute  représenter l’erreur vaincue par les prédications  et la sainteté des enfants de Saint François’’.

Au centre, un cadre de près de 6 mètres sur 3, doré à l’or fin, orné d’épis de blé et de fruits, renferme un tableau représentant Marie  ayant  sur ses genoux  le Christ descendu de la croix.

Sous le retable se trouve l’autel en marbre blanc. Son tabernacle  est orné d’un cœur doré percé de deux glaives. Sur la face avant on peut lire trois lettres de bronze : MDD pour Mater Dolorosa Dei, autre vocable de Notre Dame des Sept Douleurs.

De chaque côté, prolongeant le retable, une sculpture en bois doré représente deux capucins en bas relief. Le premier à droite est Saint François d’Assise reconnaissable au crâne qu’il contemple. C’est une représentation traditionnelle du fondateur de l’Ordre franciscain comme on peut le voir  sur le célèbre tableau de Zurbaran. L’autre moine tenant un livre est Saint Bonaventure. La province de Lyon à laquelle appartient  le couvent de Villeneuve s’intitule “la province de Saint Bonaventure”, son fondateur. Cet ensemble monumental ne peut provenir que des ateliers d’Avignon comme le retable du maître-autel de la chapelle des capucins, aujourd’hui à l’église de Mirabel et non d’un capucin amateur comme le prétend une vieille légende.

Le tableau 

« Ce retable  semble n’avoir été conçu si richement que parce que la toile méritait cet honneur » écrit Auguste Jouret. Commentant le tableau, il  remarque : « par le dessin et le coloris et surtout par le visage du Christ représenté sous les traits inhabituels d’un jeune homme imberbe, cette déposition évoque davantage un primitif de la grande école d’Avignon  qu’un travail de capucin. » Sans doute pensait-il  à la célèbre Pietà de d’Enguerrand Quarton, jadis conservée à la chartreuse de Villeneuve-lès- Avignon et maintenant  au Louvre.

Pourtant ce tableau est bien de l’âge du retable, celui de la première moitié du XVIIe siècle, son classement aux monuments historiques le confirme. C’est une pietà ; le cœur, percé de sept glaives de Marie, la désigne comme une Mater dolorosa, une des représentations traditionnelles de la Vierge, l’ensevelissement de son fils étant, selon la tradition, la septième douleur. Sa main droite soutient la tête du Christ qui repose sur ses genoux. De la main gauche elle semble repousser le malheur. Saint François d’Assise à genoux près d’elle, vêtu de la bure des capucins et en adoration, soutient de sa main droite la main du Christ comme pour l’associer à la Passion dont il a reçu les stigmates ; sa présence dans cette scène atteste que cette toile est une commande pour un couvent franciscain. Depuis la restauration de la toile en 1972, on voit distinctement, au loin, dans une trouée sur la droite, une ville fortifiée, Jérusalem, et au-delà un bois de pins ou de cèdres. La vue d’une ville au loin est un moyen fréquemment employé par l’école bolonaise pour souligner la profondeur de ses tableaux. Le drame se déroule dans une lumière crépusculaire au milieu d’un paysage où l’on retrouve les gris-verts typiquement bolonais. Sur un nuage sombre reposent, selon la tradition des artistes du Baroque, deux anges attristés.

Cette œuvre magistrale fait songer aux peintres italiens de la Renaissance puis à la grande école de Bologne qui fleurissait au début du XVIIe siècle. Les pietà de cette école ont de nombreuses ressemblances avec celle de Villeneuve. Si l’on reprend la remarque d’Auguste Jouret sur le visage du Christ représenté sous les traits inhabituels d’un jeune homme imberbe, on constate la même caractéristique  sur  au moins deux tableaux de Domenico Zampieri dit le Dominiquin. C’est unique et dans l’école bolonaise, le Dominiquin est le seul à représenter ainsi le Christ descendu de la Croix. On peut  remarquer aussi l’attitude de Marie, la main gauche levée que l’on retrouve dans les pietà du Dominiquin et, conformément aux canons fixés par Annibal Carrache, le Christ repose à terre sur son linceul, la Vierge  soutenant seulement sa tête et son buste.

L’école Bolonaise

A Bologne, en 1578, Ludovico Carracci francisé en Carrache,  fonde l’Académie des Incaminati, (ceux qui vont de l’avant). Il est rapidement rejoint par ses deux cousins Annibal et Augustin Carrache. Ils veulent réagir contre les formules usées de leur époque, particulièrement contre le maniérisme qui sévit  alors au profit d’un certain naturalisme reposant sur la pratique  du dessin d’après nature. Dans l’évolution de la peinture européenne à la fin du XVIe siècle et au début du XVIIe,  le rôle des Carrache va être à la fois révolutionnaire et capital.

Leurs œuvres, surtout celles du plus célèbre d’entre eux Annibal Carrache, seront particulièrement appréciées jusqu’au XIXe siècle. Ils connaîtront alors un relatif oubli, mais assez récemment, les historiens de l’art, surtout après la grande exposition de Bologne en 1956, ont entrepris la réhabilitation de ces artistes.

Très vite les commandes affluent, tableaux d’amateurs et décorations à fresques pour les grandes familles patriciennes mais aussi tableaux d’autel pour les églises. Dès le début du XVIIe siècle, les peintres bolonais avec les frères Carrache sont considérés comme les porte-paroles de la Contre-Réforme et les restaurateurs de la peinture chrétienne.

Les Carrache travaillent pour la famille des souverains de Parme, les Farnèse. En 1585, Annibal Carrache peint les trois Marie au tombeau (déploration du Christ mort) pour l’église des capucins de Parme, aujourd’hui à la National Gallery de Londres.

En 1597, il est appelé à Rome par le Cardinal Odoardo Farnèse  pour l’ornementation de ses appartements dans le palais de la famille. Cela fait, Annibal va entreprendre un décor plus ambitieux, celui d’une galerie destinée à abriter une partie des sculptures antiques de la collection Farnèse. Plus prince que cardinal, Odoardo Farnèse le charge de mettre en scène les amours des dieux de l’Olympe. La tâche est gigantesque et prendra plusieurs années avant d’être achevée. Il sera d’abord aidé par son frère Augustin puis  par ses élèves de Bologne, principalement Francesco Albani dit l’Albane et  par le Dominiquin. Pendant toute cette période consacrée à la galerie, de nombreux tableaux d’amateurs mais aussi des autels sont réalisés dont plusieurs pietà. Beaucoup de compositions, selon la coutume de l’époque, font l’objet de reprises ou de variations dans l’atelier. Déçu par le manque de reconnaissance du Cardinal pour son travail, après 1603, Annibal Carrache souffre d’une profonde dépression. Il reçoit toujours des commandes mais ce sont ses élèves qui se chargent de leur exécution. En 1602, le cardinal Farnèse passe commande d’une pietà de grand format, aujourd’hui conservée au Musée du Louvre. L’exécution est laborieuse et traîne  jusqu’à l’année 1607 où le retable est placé sur l’autel de la chapelle Mattei à San Francisco a Ripa. Il est vraisemblable que les disciples d’Annibal ont largement contribué  à cette œuvre. Certains critiques, Hans Tietze le premier, estiment même   que cette pietà est en fait entièrement de la main du Dominiquin. Une découverte récente amène d’ailleurs les spécialistes à restituer à ce peintre certaines  œuvres  attribuées d’abord à Annibal Carrache. Le 5 juillet 2007, chez « Christie’s » à Londres, on présente une petite pietà sur cuivre du Dominiquin. Adjugée 3.044.000 livres. Les autorités anglaises dans l’impossibilité de conserver l’œuvre doivent se résigner  à la laisser partir dans la collection du Metropolitan Museum de New York. Longtemps attribuée à Annibal, cette Pietà a été, en fait, exécutée par Le Dominiquin lorsqu’il travaillait dans l’atelier de son maître, vers 1603.

Une autre toile du Dominiquin récemment remise sur le marché de l’art confirme cette théorie. C’est une  Pietà  sur toile de Domenico Zampieri dont on ne connaissait jusqu’ici qu’une photo prise à son apparition  à la vente de la collection de Lord Kinnaire en 1946. Selon les commentaires des diffuseurs, sa réapparition est très importante pour la connaissance du style de la peinture de l’école bolonaise.

Annibal Carrache décède  en 1609. Considéré comme l’un des plus grands peintres vivants, ses amis et ses élèves lui organisent  des funérailles solennelles au Panthéon où son tombeau est placé à côté de celui de Raphaël.

Domenico Zampieri dit le Dominiquin

Le Dominiquin se révèle  alors le véritable  héritier de l’art d’Annibal et recueille les dessins  et les carnets de croquis de son maître. C’est un artiste indépendant recherché des commanditaires et toujours fidèle à son maître. En 1608, à la demande du cardinal Farnèse, il entreprend le décor à fresques de la chapelle de l’abbaye de Grottaferrata consacré aux épisodes de la vie des saints Nil et Barthélémy, dans un style narratif et monumental.

Il est le familier du cardinal Agucchi, auteur d’un traité sur la peinture, conseiller auprès des Aldobrandini puis des Ludovisi. La famille Ludovisi (ses compatriotes de Bologne) le protège. Ses deux fils ont pour parrains, le premier le cardinal Ludovico Ludovisi, le deuxième  le cardinal Alessandro Ludovisi archevêque de Bologne  et futur pape Grégoire XV. Sa fille Maria-Camilla née en 1623  a le Cardinal Francesco Barberini pour parrain. Dès l’élection du pape Grégoire XV, Le Dominiquin  est rappelé à Rome  et nommé  architecte des palais apostoliques. Grégoire XV lui procure la commande de la décoration de l’abbaye de Saint Andréa delle Valle  et de nombreuses autres commandes. Le règne de Grégoire XV est bref : deux ans après son élection, il décède le 8 juillet 1623. Le Cardinal Maffeo Barberini lui succède sous le nom d’Urbain VIII. C’est aussi un mécène qui soutient de nombreux artistes, le Bernin, Nicolas Poussin, Pierre de Cortone. Au Dominiquin il commande de grands tableaux d’autel car ce sont surtout ses retables et ses peintures à fresques qui sont estimés et où son style s’affirme. Ses fresques de la Villa Aldobrandini sont célèbres.

Le couvent des capucins

Dès 1620, Louis XIII entend mettre fin aux privilèges politiques et militaires  dont bénéficient les protestants,  un état dans l’Etat, depuis l’Edit de Nantes.

Dans ce but, les troupes royales assiègent les places protestantes et rasent leurs fortifications. C’est ainsi que le 5 mars 1621 les troupes  royales conduites par le duc de Montmorency font le siège de Villeneuve, place protestante, qui se rend devant la menace de deux gros canons et redevient, après 60 ans, une place catholique à part entière.   L’armée royale, avec Montmorency, entre dans la ville et y séjournera trois semaines. A son départ, le duc laisse une grosse garnison à la charge du parti réformé. Les soldats brûlent et pillent les granges et les maisons des protestants. Le Temple est détruit, le ministre et les diacres chassés, l’enterrement des morts de la Religion Prétendue Réformée, interdit au cimetière commun. Les consuls, tous protestants, sont destitués et remplacés d’office par des notables catholiques.

En 1624, le cardinal de Richelieu devenu principal ministre entreprend de restaurer la suprématie du pouvoir royal ; il assiège la Rochelle capitale des Réformés, puis, avec le Roi, vient faire le siège de Privas. La ville est investie le 13 Mai 1629 par vingt-cinq ou trente mille hommes. Le 28, les troupes royales pénètrent dans la ville, la pillent et violent, le feu se déclare. En 24 heures Privas n’est plus qu’un amas de ruines. Le lendemain, le fort de Toulon capitule, la majorité de la garnison est passée par les armes, le reste est pendu. Les protestants vivarois épouvantés se soumettent en masse. Le 2 juin les villes de Barjac, Vallon et Lagorce  envoient leur soumission. Le roi commet le chevalier de Rochecolombe et Tardieu, juge du bailliage,  pour faire raser les murs de Lagorce. Le 4 juin 1629, lundi de Pentecôte, l’armée royale lève le camp et se met en marche avec le Roi et le Cardinal ; selon les “Commentaires du soldat du Vivarais” “elle passa la montagne du Coiron, vint à Mirabel, et de là à Villeneuve de Berg. Le Roi logea chez le baron de la Roche des Astars. Il fut harangué par Pierre de Tardieu, juge du bailliage, qui reçut avec des lettres d’anoblissement, la commission de faire démolir  les murs du Pouzin et de Baix”. Tôt le lendemain, le Roi part de Villeneuve par la route de Tournon et du Terme-Noir pour aller mettre le siège sur Alès. A son passage de l’Ardèche, les villes de Barjac, de Saint-Ambroix et des Vans lui font porter leurs clés  par leurs consuls.  La ville d’Alès se rend presque sans combat. Le 28 juin, la paix d’Alès est signée. Les protestants doivent déposer les armes, prêter serment de fidélité au Roi et raser les fortifications de leurs villes. Richelieu leur laisse la liberté de culte et l’égalité civile. Ainsi se terminent les guerres de religion.

La paix armée est gagnée, il faut maintenant regagner les esprits  et assurer la pacification du royaume. Ces questions préoccupent le pouvoir royal mais aussi la papauté. Dans ce but le pape Grégoire XV a fondé en 1622 la Congrégation pour la propagation de la foi .

L’œuvre du père Irénée

En 1572, le Gévaudan est en proie à une guerre civile, protestants et catholiques s’affrontent. Le conflit ne s’achèvera qu’en 1581 par la destruction de la cathédrale de Mende. Venu de Bourgogne, le père capucin Irénée d’Avallon se rend célèbre dans les années qui suivent par la conversion des grands noms protestants de la région dont les seigneurs de Pessades, du Mazel et autres gentilshommes  qui adjurent  entre ses mains. Il publie  en 1623 au Puy, chez Estienne André, un livre intitulé : “Explication des raisons qui ont «meu» les sieurs de Pessades  et du Mazel gentilhommes du Gévaudan et autres, à professer la vérité catholique”.

Les exploits du père capucin sont arrivés jusqu’au Pape. Il est chargé par Urbain VIII d’informer très complètement Louis XIII   sur la situation critique du catholicisme  dans le Bas-Vivarais et les Cévennes en le priant d’y porter remède. Pour cela il faut établir des maisons missionnaires dans les pays du Dauphiné, Vivarais,Cévennes  et Gévaudan pour servir de séminaires afin d’entretenir “des jeunes gens instruits à la piété et bonnes mœurs et aux sciences pour la due administration des sacrements, conversion des peuples, chants, cérémonies et services de l’Eglise”. C’est reprendre les idées de la Congrégation de la propagande qui a déjà fondé des missions dites royales dans la province d’Aquitaine  et les a confiées à la Compagnie de Jésus.

La Légation du cardinal Francesco Barberini en France en 1625

Le cardinal Francesco Barberini, légat pontifical à Avignon et  neveu du pape Urbain VIII, est envoyé à la Cour de France en tant que Légat à “latere” pour une médiation diplomatique au sujet de l’affaire de la Valteline, haute vallée de l’Adda reliant la Lombardie à l’Allemagne du Sud. La Valteline, peuplée de catholiques, dépendait des Trois Ligues (futur canton suisse des Grisons) protestantes. L’Autriche ayant acquis le duché de Milan cherchait à récupérer la vallée. Richelieu, allié des Canton Suisses, avait envoyé  une armée pour défendre le pouvoir des Grisons, ce qui suscitait l’affrontement de la France et de l’Espagne.

La délégation, nombreuse, arrive à Paris le 21 mai 1625. L’accueil au château de Saint-Germain en Laye où réside le Roi, témoigne de la faveur royale. Le Légat est au centre de la vie de cour pendant plusieurs mois. Le Cardinal offre à Marie de Médicis plusieurs tableaux dont un tableau majeur du Dominiquin : « la Vierge et l’Enfant apparaissant à saint François d’Assise (ou à saint Antoine de Padoue)». Pendant sa mission diplomatique il  n’oublie pas d’appuyer la mission du  père Irénée. Cette année 1625, décrétée année jubilaire par Urbain VIII, est aussi celle de la réunion de la grande assemblée décennale du clergé de France. Le cardinal, alter ego du pape en tant que légat à “latere”, représente à lui seul la juridiction pontificale. Deux conceptions de la Réforme catholique s’affrontent, le Saint-Siège entend en prendre la tête, les évêques français, toujours gallicans, pensent que cette réforme nécessite un renforcement de leur autorité. Le Légat  en sort vainqueur du moins en théorie, comme l’affaire du séminaire  voulu à Villeneuve par le Pape, ordonné par le Roi mais qui ne vit jamais le jour, le démontre, ou celle de la province de Saint Louis mentionnée par l’abbé Mollier.

Le 18 juillet 1625, de Fontainebleau, Louis XIII publie une déclaration portant que, par les soins et sous la direction du père Irénée d’Avallon, prédicateur de l’ordre des capucins commis par le Pape, il sera établi des maisons missionnaires dans les pays du Dauphiné, Vivarais, Cévennes et Gévaudan, lieux infestés d’erreurs, pour servir de séminaires… Ces séminaires seront placés : pour le Vivarais, à Villeneuve de Berg, et pour les Cévennes au Vigan, ville royale. La mission de Villeneuve aura autorité sur toutes les missions de la région.

Les pères capucins arrivent à Villeneuve fin 1625 et s’établissent provisoirement dans une maison de Basse Rue.

Rome suit de très près leur installation. Le Vice Légat du cardinal Barberini en Avignon, Cosme Bardi, évêque de Carpentras, le 3 avril  1627 interroge les consuls de Villeneuve : “Ont-ils reçu l’argent  destiné à la mission des pères capucins remis par le père Irénée au sieur de Charency de la ville de Crest ?’’ Le 5 août de la même année  les consuls répondent par la plume du premier consul Charles Montgrand :  «vous désirez savoir si nous avons eu l’argent qu’il a plu au Roy désigné pour la mission des pères capucins de Villeneuve de Berg  déposé entre les mains du sieur de Charançy de la ville de Crest. Je vous dirai, Monseigneur, comme en suite du commandement qu’il en a eu et conformément à la volonté de sa Majesté, la plus grande partie nous a été destinée de laquelle nous l’avons acquitté. »

Preuve de l’intérêt du pape Urbain VIII pour les missions des capucins, cette même année 1627 il décrète un Jubilé en faveur du Vivarais, des Cévennes et du Gévaudan. L’évêque de Viviers désigne Villeneuve comme lieu de pèlerinage ce qui attire pendant trois mois  une affluence énorme de pèlerins. Il y a des dons des Etats du Vivarais et aussi de particuliers. A majorité protestante, Villeneuve  a une forte et influente minorité catholique. Au Vigan la situation est inverse, une très faible minorité catholique et pauvre rend la mission des capucins très difficile et bien plus lente. L’opposition de la province capucine de Toulouse  à l’intégration des Cévennes dans une nouvelle province regroupant le pays du Vigan et le Bas-Vivarais qui aurait constitué la fameuse Province de Saint Louis, met fin à ce projet.

A Villeneuve, la construction du couvent commence rapidement.  La Croix, premier acte de fondation d’un couvent est plantée le 9 janvier 1631. La première pierre posée le 10 février de la même année par le père Aquilin de Miribel, supérieur de la mission, assisté du père Laurent de Thizy, gardien du couvent de Valence et du père Léandro  de Dijon compagnon du père Melchior de Vienne,  provincial, retenu à Lyon par le Carême qu’il prêchait à Saint Paul.

En janvier 1631, le roi charge le juge-mage Tardieu de mettre la première pierre de l’église du couvent qui, d’après sa volonté, sera dédiée à Saint Pierre pour lequel il a une grande dévotion.

Rome suit toujours de près le travail des capucins par l’intermédiaire de la Congrégation de la Propagande. (Aujourd’hui la congrégation pour la doctrine de la foi).  Le 8 octobre 1631,  le Vicaire général Jérome envoie un questionnaire sur l’état de la mission de Villeneuve, demande l’état du couvent, les progrès et les obstacles de la mission . La congrégation envoie aussi des tableaux au couvent. L’Abbé Guigon  écrit : “les tableaux de la tribune et celui de la présentation (bonne copie du tableau de Rubens) proviennent du couvent des capucins  auquel ils avaient été envoyés de Rome”.

Notre Dame des Sept Douleurs

Le  XVIIe siècle a vu s’épanouir la Contre-Réforme catholique lancée par le concile de Trente. Pour lutter contre le protestantisme  l’Eglise entend  opposer à la rigueur des temples protestants, la beauté de ses églises, elle encourage les artistes car l’art doit exalter le sentiment religieux des fidèles. Les papes de cette période et les cardinaux, grands amateurs d’art, sont de grands mécènes. Urbain VIII et sa famille protègent les peintres et les sculpteurs. Les calvinistes rejetant le culte de la Vierge, le culte marial et la mise en avant de la Mater Dolorosa s’amplifient dans la théologie de la Contre-Réforme sous l’influence des franciscains et des jésuites.  La Congrégation de la foi répand la dévotion à Notre Dame des Sept Douleurs. Cette dévotion, apparue en 1221, au monastère de Schönau, en Allemagne  va s’étendre ainsi dans toute l’Europe.

Alphonse de Richelieu, archevêque d’Aix et frère du Cardinal, ramène ainsi dans sa ville  au retour d’une mission à Rome une peinture sur bois de la Mère de douleur. Confiée au monastère des filles de Notre Dame de la Miséricorde, cette icône devient un objet de vénération pour la piété aixoise. A l’époque de la Révolution, le tableau vénéré est soustrait à la profanation par des fidèles, puis confié à la chapelle de l’hospice de la Miséricorde. Il est aujourd’hui déposé au musée du Vieil Aix.

Dans ce but, les capucins villeneuvois, dès qu’ils le pourront érigeront deux chapelles dédiées à la Vierge : la chapelle du Devois (Notre Dame des Sept Douleurs) et celle de Tournon (Notre Dame de Pitié). Nous ignorons la date exacte mais d’après un plan du notaire Heyraud elles existaient avant 1671. Il est probable cependant que, leur église achevée, les capucins, avec le reste des sommes accordées par le roi, commencèrent la construction des deux sanctuaires rapidement. A la chapelle du Devois il fallait une image de la Mater dolorosa à vénérer. Le Cardinal Francisco Barberini, protecteur du Dominiquin, en 1633, en tant que secrétaire, est à la tête de la Sacrée Congrégation de l’Inquisition ; il  fut pourtant l’un des deux cardinaux qui refusèrent de signer la condamnation de Galilée ; il est vrai que son oncle, le pape Urbain VIII, ami de Galilée, fit tout pour alléger la peine de ce dernier et transforma sa prison à vie en assignation à résidence surveillée. Le  Dominiquin était alors laissé dans un oubli relatif, concurrencé par une nouvelle génération de peintres beaucoup plus modernes  comme Giovanni Lanfranco et Pierre de Cortone. L’admiration de Nicolas Poussin le vengea de cet abandon lorsqu’il déclara publiquement « qu’il préférait Raphaël et le Dominiquin à tous les autres peintres surtout pour le mérite de l’expression ». Ses  biographes écrivent que dans cette période il était chargé de quelques travaux par son ami et protecteur le cardinal Francesco Barberini. Il y a lieu de penser que le Cardinal passa commande du tableau de Notre Dame des Sept Douleurs pour  la chapelle du Devois. Elle aurait alors été construite avant l’année 1641, date de la mort du Dominiquin.

L’église des capucins

Cette chapelle était propriété du couvent, ce qui a entraîné une certaine confusion sur l’emplacement du retable, certains chercheurs supposant qu’il se trouvait dans l’église des capucins. Il n’en est rien.Un document officiel l’atteste : au lendemain des événements de mars 1792 et à la demande du District du Coiron, Jean Hilaire Mamarot,  administrateur du district, convoque  Malmazet de Saint-Andéol encore maire de Villeneuve et Lespinasse faisant fonction de procureur de la commune en remplacement de François Julien en fuite, pour faire l’inventaire du couvent. Au matin vers dix heures, ils visitent l’église avec le père Lagardette ci-devant gardien du couvent : « au sanctuaire de l’église nous avons trouvé un grand autel à tombeau peint, le gradin et le tabernacle de bois doré. Le tableau représentant la Vierge, saint Pierre et saint Louis (sic il s’agit de Louis XIII)à ses pieds le cadre de six pieds de hauteur, le cache en bois et orné de chaque côté d’une grande colonnade en bois peint entouré de pampres de vigne. Au pied de chaque colonnade est un reliquaire  en bois doré que nous avons déplacé et fait porter dans la sacristie. Nous avons également trouvé deux rideaux d’indienne usés que nous avons fait porter à la sacristie  ainsi que deux petits rideaux d’indienne qui se trouvent aux  fenêtres du sanctuaire, plus une grande lampe de cuivre argenté. Le sanctuaire est fermé par une balustrade de bois surmonté d’une garniture et grillage en fer d’environ deux pieds de hauteur. Dans l’intérieur de la balustrade, à droite et à gauche, nous avons trouvé deux petits autels avec deux petits tableaux, l’un représentant  saint Joseph et l’autre saint Fidèle. Aux extrémités de chaque autel, des bras en bois, en forme de chandeliers. Dans la nef de l’église, quatre confessionnaux de bois noyer à gauche, à droite la chaire de vérité  en bois noyer. Puis la chapelle des sœurs du tiers ordre et un tableau représentant le bienheureux Laurent de Brindes  dans un cadre en bois peint à filet doré. Plus un bénitier sur pied de pierre blanche”. Ce texte confirme l’absence du retable dans l’église du couvent. Il ne pouvait  être dans la chapelle des Pénitents car celle-ci après le Concordat, a été en service jusqu’en 1902 comme le constate Jean Ribon, ni dans l’église paroissiale puisque la chapelle où le retable se trouve maintenant était encore dédiée à sainte Catherine de Laval. Le retable de notre Dame des Sept Douleurs  ne pouvait être que dans la chapelle du même nom.

La Chapelle du Devois pendant la Révolution

La chapelle, propriété des capucins lors de la vente du couvent  en 1792, n’apparaît pas. A ma connaissance il n’y a eu aucun inventaire effectué. Le couvent est vendu sans qu’il soit fait  mention  de la chapelle. En fait, les autorités  entretiennent une chape de silence  sur l’édifice. La chapelle, porte fermée sur son trésor, entre dans l’oubli  pendant toute la durée de la Révolution.

Les républicains qui dirigent Villeneuve pendant cette période, souvent d’origine protestante, descendants des nouveaux convertis  par les dragonnades de Louis XIV, ont tout au long manifesté leur volonté d’éviter les persécutions religieuses dans toute la mesure du possible et d’assurer la liberté des consciences. L’abbé Mollier constate : « Les présidents de ces sociétés, quoique démocrates,  furent en général des hommes fermes, éclairés, amis de l’ordre. » Maurice Boulle concluait « à Villeneuve tous sont morts dans leur lit. »

Quelques exemples : lorsqu’il est question de la vente du couvent, l’unanimité se fait pour éviter cette cession. Le maire de l’époque, Malmazet de Saint-Andéol, un contre-révolutionnaire, fait un discours à la Société des Amis de la Constitution pour prendre la défense des capucins. Il ne rencontre aucune opposition.

La loi du 22 octobre 1792 exige la liste des ecclésiastiques non assermentés résidant dans la commune. La municipalité envoie une liste d’une dizaine de noms mais ajoute que ces prêtres  depuis la loi du 26 août, ont disparu de la ville. Albert Grimaud précise : ‘’ la plupart d’entre eux et  quantité d’autres  se cachaient  dans leurs familles. Le conseil municipal fermait les yeux.’’

Le  25 décembre 1795, Antoine Daizac nouvellement élu à la présidence de la municipalité de canton, écrit à Bravaye commissaire du Directoire départemental : « Joseph Veyrenc, natif de Villeneuve, prêtre constitutionnel d’un village de Normandie, Longueil, où il est resté vingt ans est revenu au pays auprès de son père âgé et infirme. Ses papiers sont en règle et il a demandé à la municipalité de l’autoriser à faire les fonctions de curé. La municipalité lui ayant donné son accord, aussitôt  que cela fut su, l’église fut totalement dépouillée. Toutes les dévotes y tombèrent et emportèrent tout ce qui pouvait l’être. Des personnes appelées ci-devant congrégationistes  firent aussi main basse sur le reste à ce que l’on nous a assuré… La municipalité n’ayant voulu faire aucune démarche pour récupérer les objets enlevés sans vous avoir prévenu et demandé votre avis là-dessus, attend votre réponse ». Il n’y eut probablement aucune réponse car le curé Veyrenc mis à l’index par les catholiques et abreuvé d’humiliations, exercera son ministère jusqu’en décembre 1800 dans une église vide.

Le 24 janvier 1796, la municipalité  prévient l’administration centrale du Département « le 4 janvier une assemblée synodale  de prêtres réfractaires a eu lieu dans la Commune. Les séances se sont tenues  dans la maison du citoyen Bertoye (recteur de la confrérie du Saint Sacrement), elles ont été présidées par le ci-devant  grand vicaire de Besse, délégué  du sulpicien Vernet .Il était porteur d’un passeport de la municipalité de Vernoux. »8  La maison Bertoye  était située dans la Grand’Rue, difficile d’ignorer un tel rassemblement illégal à l’hôtel de ville. Pourtant ni la gendarmerie ni l’armée ne sont priées d’intervenir.  Le synode se déroule dans le plus grand calme. Seulement quinze jours plus tard pour se couvrir la réunion est déclarée à Privas.9

Le 2 germinal an IV (22 mars 1796) le département prend un nouvel arrêté concernant les prêtres réfractaires. Le 31 mars 1796 François Lejeune répond : « J’ai encore reçu 15 exemplaires de l’arrêté de l’administration de ce département du 2 de ce mois, concernant les prêtres réfractaires et je les ai transmis à la municipalité qui est convoquée pour demain. Le résultat de cette délibération doit me servir de base aux renseignements que vous m’avez demandés  et que j’ai à vous donner. Vous les auriez reçus, s’il n’eût été ma maladie. Vos arrêtés des 1 et 2 du courant ont été connus plus tôt par les prêtres réfractaires que par la municipalité : la mère Nougarède, deux jours avant la réception du premier, courait de maison en maison pour les en prévenir, et aucun de ceux atteint par la loi n’a paru depuis ; en cela nous lui avons grande obligation, parce que le Jeudi Saint nous devions  essuyer une insurrection : les femmes et quelques fanatiques devaient se rassembler, aller prendre ces prêtres chez eux, les conduire à l’église et faire cérémonie et ainsi des pâques ».9

D’autres considérations pouvaient jouer pour engager les municipaux à garder une certaine neutralité : ne pas heurter leurs épouses  mais aussi pour certains, la connaissance de la valeur artistique du tableau. Les œuvres d’Annibal Carrache et de ses disciples étaient extrêmement estimées au XVIIIe siècle.

Le 10 février, à une demande nouvelle de désignation des prêtres réfractaires  sujets à la déportation ou à la réclusion, les agents municipaux des communes du Canton déclarent individuellement qu’il n’existe dans leurs communes respectives aucun prêtre passible de déportation et de réclusion. Rien qu’à Villeneuve on en comptait plus d’une quinzaine. Pour Mirabel il était notoire que le château du Pradel servait d’asile à un grand nombre de prêtres et qu’on y donnait les sacrements.

Monsieur Vernet à Villeneuve :

Le 26 février 1797, toujours au sujet des prêtres réfractaires,  François Lejeune commissaire exécutif de Villeneuve répond au Directoire départemental qu’il ne connaît aucun individu dans ce canton  à exiger la déclaration prescrite par l’autorité ; il ajoute : « en revanche, nous avons bien d’autres  arlequins qui nous font bien du mal… Mon devoir m’oblige de vous dire ce que vous savez aussi bien que moi que la loi du 3 brumaire  est méconnue, que certains émigrés sont rentrés de même que certains prêtres déportés, que les assermentés se sont rétractés publiquement et qu’un Vernet de cette commune, ci-devant Sulpicien se disant délégué du pape ou de l’archevêque de Vienne et compris dans la liste des émigrés, a fait ici une mission, qui a mis tout sens dessus dessous, il va solliciter auprès de l’administration, du département  sa radiation sur la liste. Je pense que vous aurez soin de lui ».9 Mais Régis Vernet était aussi protégé par les  responsables  du Directoire privadois.

La Chapelle  au XIXe siècle

Avec le Concordat les églises sont ouvertes. Il a dû en être ainsi pour la chapelle de Notre Dame des Sept Douleurs. Cependant, la construction primitive, laissée à l’abandon pendant toutes ces années, menaçait ruine. C’était probablement  un petit édifice rural sans style défini comme nombre de chapelles construites dans cette première moitié du XVIIe siècle mais qui servait d’écrin au retable. Les pèlerinages fréquents organisés par le couvent  se déroulaient  pour une grande part dans les prés alentours.

En 1850, le curé Maniouloux doit remplacer la construction primitive par une nouvelle chapelle. Il est probable qu’à cette occasion la décision fut prise de mettre le retable à l’abri dans l’église paroissiale. Dans son “Histoire de Villeneuve” publiée en 1866, l’Abbé Mollier  atteste sa présence à son emplacement actuel.

Puis en 1880, la nef est agrandie, le transept, le chœur et la sacristie sont ajoutés. Enfin une mission du ministère des Beaux Arts le 17 juin 1933, classe les deux retables et le tableau de la Vierge et de l’Enfant terrassant le serpent, aux Monuments historiques au titre d’objets mobiliers.

Le campanile, copie réduite de celui de la basilique Notre Dame de Sion à Vaudémont, chère à Maurice Barrès, n’a été construit qu’en 1895 et 1896. La statue de la Vierge le surmontant n’était pas alors couronnée, des cartes postales de la Belle Epoque le prouvent. A Vaudémont  en  1920, on a couronné la statue de la Vierge  pour célébrer la victoire, le retour de la paix et de l’Alsace Lorraine. A cette occasion, Maurice Barrès a déposé dans le trésor de la basilique une édition de luxe de “La Colline inspirée”. Les Villeneuvois auraient-ils imité les Lorrains ?

Cette chapelle sur sa colline est, comme celle de Vaudémont, un signal et l’emblème de notre cité ; sa vue annonce au voyageur qu’il arrive à la maison. Du XIXe siècle jusqu’aux années 1950, la chapelle  était un lieu de pèlerinage très fréquenté pour toute la région ; le dimanche précédant les Rameaux on y venait de toutes parts. Auguste Jouret répondant à des critiques sur le style du sanctuaire écrivait en 1974 « Les Lorrains aiment leur tour comme nous aimons la nôtre, La Lorraine en Vivarais, voilà déjà qui est singulier. » En 1976  il ajoutait : « pétrie des souvenirs de nous tous, elle a une âme, on doit y penser quand on porte un jugement sur son architecture.» Prenant la défense de la statue  découronnée par un orage et abîmée faute d’un paratonnerre, il réclamait des mesures de protection : « si l’on attend  encore, l’accident sera irrémédiable. Il ne restera plus, à notre honte, et pour longtemps, qu’un fût pyramidal incompréhensible de pierre froide »

Aujourd’hui  l’édifice entier est menacé.

 

Bibliographie

Jouret (Auguste) Villeneuve de Berg en Vivarais et alentours. Aubenas, impr. Lienhart ,1967.

Les deux retables de l’église saint Louis. Travail de recherche des élèves du C.E.G. sous la direction de Maurice Boulle. RVDB 1977.

Pieyre (Clément) La légation du cardinal Francesco Barberini en France en 1625. Thèse de l’Ecole des chartes, 2005.

Mouchel (Christian). Les nouveaux innocents. Etude iconographique de la Madonne du Rosaire du Dominiquin. In République des lettres, république des arts. Mélanges offerts à Marc Fumaroli. Paris, Droz 2008.

Le dessin à Bologne 158O-1620. La réforme des trois Carracci par Catherine Legrand. Paris, réunion des Musées nationaux,1984.

Le génie de Bologne. Des Carracci aux Gandolfi, Musée du Louvre, 2009.

Exposition au Louvre. L’Albane et l’école des Carrache. Dossiers de l’Art, L’objet d’art N°71 Novembre 2000.

Nature et idéal. Le paysage à Rome 1600-165O. Exposition aux Galeries nationales du Grand Palais. Dossier de l’Art n° 182.Février 2011.